De la plume à l'apocalypse, Sébastien Ortiz
La plume
— Nous n’avons plus le choix, Marie, il faut le faire ! dit Tom effrayé par ce qu’il venait de dire.
— Je ne peux pas le faire, répliqua-t-elle. On risque de le tuer ou inversement !
— S’il te plaît, nous n’avons plus le temps de discuter. Le royaume est en danger. En venant ici, nous savions ce qui nous attendait. Nous avons dû franchir des épreuves très difficiles. Alors ne baisse pas les bras. C’est notre dernière chance.
— Mais si nous venions à échouer ?
— N’y pensons pas. Mettons tout notre amour dans ce dernier combat et voyons ce qui va se passer. Tu m’as toujours fait confiance n’est-ce pas ?
— Oui.
— Alors fais-le encore une fois s’il te plaît, supplia Tom.
— Très bien. Allons-y !
Marie et Tom se prirent la main, avancèrent ensemble vers la salle du roi. Tous deux craignaient ce qui pourrait se passer dans les minutes à venir mais ils étaient bien décidés à ne pas faire machine arrière. L’ambiance glaciale qui régnait dans le couloir qu’ils venaient d’emprunter pesait sur chacun de leurs pas.
Arrivés devant le roi, ils eurent à affronter une situation bien délicate. Le monarque, peu surpris par leur visite, leur fit face. Les trois personnes en présence se regardèrent alors droit dans les yeux. Des décharges électriques se propagèrent dans toute la salle. La tension était à son comble quand soudain, le roi prit la parole :
— Enfin vous voilà chers parents ! s’exclama-t-il. Il est temps que je mette un terme définitif à votre règne parmi nous. Adieu ! cria-t-il.
Sur les murs de la pièce dans laquelle se trouvaient les trois protagonistes, des lances enflammées se décrochèrent, suite à un claquement de doigts de Léo. Elles prirent immédiatement la direction de Marie et Tom…
Loin était le temps de la paisible naissance de Léo. Que s’est-il donc passé pour en arriver là ?
Tom et Marie n’avaient plus aucun souvenir de leur grande bataille face à Hector. Leur mémoire avait été effacée par le conseil des Anges mais à un degré tel que la relation entre Charles, Jules et Tom n’existait plus. Ils se croisaient régulièrement et étaient devenus de simples voisins. Ils avaient poursuivi leur scolarité comme si rien ne s’était produit de surnaturel dans leur vie. Victor, quant à lui, avait disparu des écrans radars.
Toute la famille de Tom habitait dans le sud de la France et désespérait à l’idée que le jeune homme habite si loin. Pour lui, il n’était pas question de quitter cette si belle région qu’est l’Alsace. Le climat était à l’image de ce qu’il attendait. Les hivers étaient bien plus frais, voire froids, que dans sa ville natale et il avait droit, certains hivers, à des chutes de neige. Enfin le vent était bien moins régulier et violent que dans la région méditerranéenne.
Après la bataille face à l’Ange Noir, Tom avait appris que son épouse était enceinte. Toute la grossesse se passa dans de bonnes conditions. Par contre, après l’accouchement, un phénomène bien étrange se produisit. C’est en rentrant de la maternité, que Tom et Marie rencontrèrent une difficulté dans leur vie de parents : partout où était installé Léo, une plume blanche apparaissait. Que pouvait-elle bien représenter ? Ils essayèrent régulièrement de s’en débarrasser mais en vain, elle revenait encore et encore. De plus, ils devaient faire face à l’apparition et la disparition d’une empreinte d’Ange sur le landau et la poussette de leur enfant. En effet, lorsque le bébé était posé dans l’un des deux, l’Ange apparaissait et quand l’enfant était retiré, l’image disparaissait. Cela posait pas mal de problème au couple qui ne savait jamais quoi répondre à la question de leurs invités :
« — Mais où avez-vous acheté ce landau ? Cette poussette ? Cette marque de l’Ange est magnifique ! On dirait que la chaise est vivante. »
La seule réponse, qu’ils proposaient :
« — Tout est très vieux et transmis de génération en génération depuis plus d’un siècle. »
Cela leur paraissait banal, mais cette simple phrase avait l’air de satisfaire tout le monde.
Quant à sa vie professionnelle, Tom poursuivait son travail au périscolaire. Amy comptait toujours parmi ses collègues et ses amis proches. Leur relation s’était reconstruite tout naturellement. Par moment il leur semblait avoir déjà eu une vie commune. Cependant, il n’y avait rien à faire. Malgré les efforts de réflexion entrepris par les deux amis, aucun événement passé de l’un ou de l’autre ne les rapprochait. Cela les frustrait beaucoup, mais ils ne se laissaient pas abattre et espéraient même qu’un jour ils finiraient par trouver pourquoi ils éprouvaient cette sensation.
Tom, plutôt satisfait de son poste, était apprécié et prenait beaucoup de plaisir. Pour petite anecdote, il avait pris tout le monde par surprise en venant transformé en princesse. Il adorait se déguiser. Un jour, les enfants lui firent une remarque :
— Tu es toujours déguisé en beaucoup de personnages mais jamais en fille. Pourquoi ? demanda ce premier enfant.
— Je ne me suis jamais posé la question… répondit Tom dubitatif.
— En fait, tu ne sais pas te déguiser en fille ? dit un second enfant, comme s’il lançait un défi à l’animateur.
— Ce n’est pas facile pour moi de faire ça, répondit Tom un peu mal à l’aise.
— Pourquoi ? demanda un autre enfant.
— Est-ce que vous savez à quoi ressemble une fille ?
— Oui ! Elle a de longs cheveux, comme moi par exemple, fit remarquer une jeune fille.
— Ah ! Nous y voilà ! Est-ce que j’ai de longs cheveux ?
— Pas du tout ! répondit aussitôt un autre enfant, tout sourire. Tu en as peut-être même moins que moi…
— Tu as raison et en plus si vous avez bien fait attention, j’ai tout le temps de la barbe, des poils aux jambes et aux bras ! Avez-vous déjà vu une fille avec autant de poils et une barbe ?
— Non ! répondirent en chœur les enfants.
— Donc vous comprenez qu’au moment où je me déguise, je dois choisir un personnage qui me permette de rester crédible.
— Ça veut dire quoi crédible ?
— Ça veut dire que quand je viens déguiser, il faut que vous soyez transportés dans mon histoire avec le personnage que je joue. Si je viens en fille, vous allez plus vous moquer de moi qu’écouter ce que le personnage va vous dire.
— On te promet, on ne se moquera pas de toi, dirent plusieurs enfants.
Voyant qu’il serait impossible pour lui d’échapper à la demande des enfants, Tom se jeta à l’eau et se transforma en princesse… Mais quelle princesse ! Personne n’en avait jamais vu une aussi poilue des jambes et aussi peu élégante ! Ce jour-là, il avait fait rire plus d’un enfant. Ils avaient promis de ne pas se moquer mais c’était bien plus fort qu’eux. Tom n’arrivait pas à leur en vouloir et appréciait vraiment le moment qu’il était en train de passer. Ne parlons pas de la surprise des quelques parents qui avaient encore pu le voir dans cette tenue. Tom avait tout fait pour se changer avant leur arrivée mais il n’avait pas assez contrôlé le temps et fut pris au piège. Il disait souvent à qui voulait l’entendre que la naissance de son fils avait été pour lui une source de bien-être et de force, qui lui permettaient de s’investir à fond. Il souhaitait vraiment partager son optimisme et sa joie avec les autres enfants.
Pendant le même temps, Marie profitait pleinement de son congé maternité pour s’occuper de son enfant. L’appartement dans lequel ils étaient, n’étant plus adapté à l’accueil du petit Léo, la petite famille avait déménagé dans un nouveau logement avec trois pièces. Cela permettait au bébé d’avoir sa propre chambre. Les parents étaient contre l’idée de l’avoir dans la leur. Marie était aussi ravie car elle laissait derrière elle une salle d’eau au profit d’une salle de bains. Elle appréciait s’y détendre dans une eau très chaude. Pendant des années elle dut se contenter d’une douche. La facture d’eau prouva rapidement au jeune couple à quel point les moments de détente avaient un prix. La cuisine qu’ils avaient était spacieuse. Il y avait la place pour circuler, cuisiner ou pâtisser dans de bonnes conditions. La cerise sur le gâteau, la cuisine et la chambre donnaient directement sur une terrasse. Enfin, un avantage supplémentaire non négligeable était que Tom pouvait continuer à se rendre au travail à pied ! Par les temps qui courent ça permettait de bien réduire les frais d’essence et d’entretien de véhicule.
De temps à autres, la petite famille accueillait les grands-parents, que ce soit du côté de Marie ou du côté de Tom. Lors de ces visites, si le temps le permettait, le jeune couple en profitait pour faire visiter leur région à leurs familles. Il y avait tant de choses à voir et de promenades à faire en forêt. Lorsqu’il pleuvait, alors c’était une succession de parties de cartes. Tom adorait jouer aux cartes. Il aimait la belote, le rami, jeux auxquels il jouait quand il était encore dans sa famille.
À l’occasion du premier anniversaire de Léo, toute la famille originaire du sud de la France avait prévu le déplacement. Étaient invités les grands-parents, les tontons et leurs compagnes ainsi que la filleule de Tom et sa meilleure amie Amy. L’arrivée de la famille de Tom était programmée trois jours avant la fête afin d’aider le couple dans les préparatifs.
Voulant profiter de leur dernier après-midi seuls, Tom et Marie décidèrent de se promener dans la forêt non loin de leur lieu d’habitation. C’était pour eux un moyen de repérer de nouveaux sentiers et préparer les promenades familiales. Cependant, la tranquillité tant espérée, fut assez rapidement perturbée. Ils venaient d’arriver dans un endroit très éclairé par un manque d’arbres conséquent. Léo commença alors à s’agiter. Cela obligea le couple à s’arrêter.
— Que t’arrive-t-il mon fils ? dit Tom en se penchant sur la poussette de son fils.
Voyant qu’il se débattait comme s’il voulait sortir de la poussette, Tom prit Léo dans ses bras pour le bercer et tenter de le calmer.
— C’est bizarre qu’il se comporte ainsi, fit remarquer Marie.
— Il n’a jamais fait de crise comme celle-là. A-t-il de la fièvre ? demanda le jeune papa.
— Il a chaud effectivement. Il doit avoir mal à la tête.
— Nous devrions peut-être faire demi-tour et rentrer, suggéra Tom.
— Oui, il est en train de m’inquiéter.
— Il ne faut pas réagir ainsi. Ça arrive à tous les enfants d’être malades.
— Je sais mais finalement, comme il ne peut pas parler, je trouve ça très frustrant.
— Tu ne croyais tout de même pas qu’il ne serait jamais malade ?
— Arrête de te moquer de moi ! Je suis une maman et je pense que toutes les mamans s’inquiètent pour leur bébé…
— Oui tu as raison. Mais c’est aussi mon bébé et même si j’ai été surpris, il faut que nous arrivions à gérer notre stress face à ce genre de situation. Si nous réagissons ainsi pour de la fièvre, nous n’avons pas fini d’être inquiets.
— D’accord ! On rentre et on voit ce qui se passe.
— Si ça ne s’améliore pas nous appellerons le pédiatre. Ça te convient ?
— Oui très bien, dit Marie un peu plus soulagée par la sérénité de son mari.
Alors que le couple allait faire demi-tour, Léo s’arrêta net de pleurer et regarda le ciel. Les parents en firent autant mais ne comprenaient pas ce qui se passait. Le ciel s’assombrissait de plus en plus ce qui les poussa à continuer leur chemin en pressant le pas. Ils supposèrent alors qu’un violent orage se préparait. Ils n’avaient pas regardé la météo et commençaient à le regretter. Soudain une chaleur anormale s’abattit sur eux. C’était comme si une partie de la forêt était en train de brûler sans qu’ils ne s’en rendent compte. Léo fixait toujours le même endroit mais avait les yeux qui commençaient à briller. Entendant un gros sifflement, les parents se retournèrent brusquement. Plusieurs boules de feu se dirigeaient vers eux. Tom sentit son adrénaline monter et voulut protéger sa famille. Il eut la sensation d’avoir déjà fait ça. Mais quand ? Où ? Pourquoi cette impression ? Dans la seconde suivante, il se demanda ce qu’il pouvait bien faire, lui pauvre mortel. Il se dit alors que tout était perdu. Il était comme tétanisé. Il ne pouvait plus bouger. Il en allait de même pour Marie. Dans leur esprit, la fin était proche. Ils allaient être pulvérisés ou brûlés… Un piège leur aurait-il été tendu ? Ils regardèrent leur fils, désemparés en pensant qu’ils vivaient ensemble leurs dernières secondes.
Soudain ce fut la stupéfaction ! Léo avait un regard comme jamais : sombre et effrayant à la fois ! Il fixait les boules de feu sans pleurer. Tom et Marie observaient la scène sans aucun contrôle mais avec une angoisse de plus en plus oppressante. C’est alors qu’apparut devant leur fils la plume blanche qu’il prit en main. Au moment où les boules de feu allaient frapper, une lumière éblouissante encercla sous forme de bouclier la petite famille. Plusieurs explosions firent trembler le sol. Tom et Marie, libérés de leur paralysie, réussirent alors à s’accroupir pour faire une protection autour de leur enfant.
En ouvrant à nouveau les yeux, le couple ne put que constater un phénomène bien étrange : le bouclier qui les protégeait jusqu’alors, avait disparu et le regard de Léo était redevenu celui d’un bébé de son âge. Des débris de pierres en feu gisaient autour de l’endroit où se trouvaient les trois promeneurs. C’est alors que, contre toute attente, les traces d’impacts et de brûlures au sol disparurent sous leurs yeux. Plus rien ne pouvait laisser croire que des boules de feu s’étaient dirigées vers eux quelques instants plus tôt.
Marie passa outre la peur et la stupéfaction qui venaient de l’envahir.
— Léo, mon enfant, tu vas bien ? dit Marie.
— Tu vois bien qu’il n’a rien, s’empressa de dire Tom pour rassurer sa femme, tout en essayant de se rassurer lui-même.
Le couple examina leur enfant sous toutes les coutures pour vérifier qu’il n’avait pas la moindre égratignure.
— Vu que nous n’avons pas été touchés, reprit Tom, il n’y a aucune raison pour qu’il le soit lui.
— C’est vrai tu as raison. Mais que s’est-il passé ? C’est incroyable !
— Je n’en sais rien. C’est vraiment bizarre.
— Tu n’as pas ressenti quelque chose au moment de l’apparition du bouclier ?
— Si. Justement j’allais te poser la même question.
— En ce qui me concerne, je n’y suis pas restée indifférente. Je ne sais pas pourquoi…
— C’est comme si nous avions déjà vécu ça, coupa net Tom sachant ce qu’allait dire sa femme.
— Exactement !
— Et tu as vu le regard de Léo ?
— Oui c’était un regard comme je n’en ai jamais vu. Il faisait peur.
— Observe, il ne pleure plus. Comme si rien ne s’était passé.
— Mon chéri, je crois que le temps qu’on éclaircisse ce qui vient de se passer, il serait judicieux de mettre notre bonhomme en sécurité chez nos parents.
— Chez nos parents ?
— Oui c’est loin d’ici. Il y sera certainement en sécurité… Tu en penses quoi ?
— Tu veux que nous éclaircissions quoi ? Et qu’il soit en sécurité par rapport à quoi ?
— Tu voudrais faire comme s’il ne s’était rien passé ? demanda Marie intriguée par la réaction de son mari.
— C’est que je ne sais pas comment faire pour éclaircir cet événement.
— Nous venons quand même d’avoir à faire à des pouvoirs surnaturels.
— Justement ! Si c’est surnaturel, qui dit que ça va se reproduire ? Nous n’en n’avons aucune idée…
— Si c’était le cas, je ne souhaiterais pas que notre fils soit à nouveau au milieu de tout ça !
— Je suis entièrement d’accord avec toi. Mais la fête alors ?
— Nous allons privilégier la sécurité de notre famille avant toute chose.
— Je dois reconnaître que ta détermination est si convaincante que je me rallie à tes propositions en m’inclinant devant toi.
— Très bien ! dit Marie tout sourire par ce qu’elle venait d’entendre.
— Je me débrouillerai avec nos familles. J’ai même l’impression que le fait d’aller dans le Sud nous permettra de prendre du recul par rapport à ce que nous venons de vivre.
— Nous resterons quelques jours puis nous laisserons Léo le temps que nous découvrions ce qui s’est passé.
— Non mais sérieusement, je ne pense pas que ça se reproduise. En ce qui me concerne, ce phénomène est un pur hasard…
— Soit !
— On dirait à t’entendre, que nous allons devenir les héros d’un film où il va falloir sauver la planète…
— Sinon je pense que les grands-parents seront assez grands par la suite pour se partager la garde du petit-fils, dit Marie faisant mine de ne pas avoir entendu ce que son époux venait de dire.
— Oui ! Et la chance que nous ayons, c’est qu’ils s’entendent bien. Mes parents et les tiens ont rapidement noué des liens assez forts.
Après cet agréable constat, ils rejoignirent leur domicile. Pour n’affoler personne, ils décidèrent de garder secret cet incident. Ils étaient convaincus que d’en parler les ferait passer pour des fous. Ils n’avaient, malheureusement pour eux, aucune trace concrète à apporter à leur récit pour en prouver la véracité. Cependant, ils prirent la précaution d’annuler les festivités pour l’anniversaire en Alsace et proposèrent selon leur idée, de faire la fête dans le Sud. Ce changement de dernière minute ne leur paraissait pas du tout gênant car toute la famille de Tom se trouvait déjà sur place. Ils devaient tous venir en voiture et n’avaient aucun souci à se faire en lien avec de potentielles annulations de transports, type train ou avion. Ce serait donc à Tom, Marie et Léo de faire le déplacement. Le plus dur selon le couple serait de justifier ce revirement de situation.
De son côté, Amy, prévenue rapidement de l’annulation de la fête, fut très surprise par ce changement si soudain et voulait en comprendre la vraie raison. En ce qui la concernait, elle ne pouvait pas se permettre de voyager et était très déçue. Elle envoya à son ami un SMS pour savoir s’il était disponible. Après une réponse quasi instantanée et positive, elle l’appela sans perdre une minute.
— Salut Tom. Je ne te dérange pas ?
— Bien sûr que non.
— C’est sûr ? insista Amy.
— Tu sais que tu ne me déranges jamais.
— Je ne pouvais pas attendre une minute de plus.
— Je comprends.
— Tu m’as prise de court avec ton SMS et j’avais besoin de te poser des questions.
— Allons-y, je t’écoute.
— Je t’appelle parce que comme tu dois t’en douter je voulais savoir pourquoi tu as tout annulé brusquement alors que tout était planifié de longue date.
— C’est très compliqué. Tu ne dois surtout pas t’inquiéter.
— Ce n’est pas une réponse Tom.
— Je sais mais pour l’instant je n’ai pas mieux… Je suis désolé.
— Tu as un problème ? questionna malgré tout Amy.
— Non mais si ça peut te rassurer, à notre retour nous en ferons une mais avec moins de monde.
— Tu sais je ne suis pas rassurée.
— Pourquoi donc ?
— Je pense sincèrement qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond pour que vous ayez pris cette décision si soudaine.
— Pour l’instant tout va bien. Tu peux me faire confiance.
— Si tu dis « pour l’instant » c’est que tu soupçonnes que quelque chose pourrait arriver. Non ?
— Je sens que je vais te décevoir, mais comme je te l’ai dit, il va falloir que tu me fasses confiance.
— D’accord. Je vais te laisser le bénéfice du doute.
— Dès que le moment viendra, si un événement particulier venait à bouleverser ma vie, tu seras la première au courant. Jusque-là je n’ai rien à dire.
— Ta promesse me convient. Je serai patiente.
— Merci mon amie.
— De rien. Mais n’oublie jamais que tu peux compter sur moi, nuit et jour.
— Je le sais et ça me fait un bien fou que tu fasses partie de ma vie.
— Bien, je suis désolée, mais je dois te laisser.
— Pas de problème. Je te souhaite une bonne fin de journée et à très bientôt alors.
Tom était assez mal à l’aise, mais soulagé que tout soit rentré un minimum dans l’ordre. Il savait que ce serait trop compliqué de gérer ce qu’il venait de vivre avec Marie et Léo et la grande fête d’anniversaire. Cependant, le plus difficile restait à venir pour le couple : justifier l’annulation de la fête auprès de la famille de Tom.
— Si avec Amy il a été difficile de ne pas pouvoir tout justifier, je pense qu’il va en être tout autrement avec mes parents.
— Tu as raison !
— Il va falloir que je trouve les bons mots, enchaîna Tom.
— Je pense que ça ne va pas être simple mais il va falloir qu’ils acceptent d’attendre pour avoir plus d’explications.
— C’est surtout ma mère que j’appréhende le plus.
— C’est vrai qu’elle ne lâche pas facilement le morceau.
— Je sais très bien que même si j’arrive à ne pas lui en dire trop, à tout moment elle va mener sa petite enquête de son côté. Elle est très respectueuse de la vie de mes frères et moi mais quand on aiguise sa curiosité alors là…
— Tu sais, Tom, peut-être qu’on se complique la vie pour rien et que ce que nous avons vécu ne se reproduira plus, dit Marie, qui commençait à accepter cette hypothèse émise par Tom un peu plus tôt.
— En tout cas, il faut vraiment l’espérer car c’était très violent à mon goût.
— Tu veux dire que ça sortait carrément de l’ordinaire !